vendredi 16 octobre 2009

Vue d'une terrasse de café.

Assise.
A la terrasse d'un café.
Je regarde.
Des touristes.
Ils passent. D'autres s'installent avec leur consommation.
Le ciel s'est bouché mais la lumière – aveuglante – parvient à filtrer au travers des nuages.

J'écris. Quoi ? Je n'en sais rien. Tout ce à quoi j'avais réfléchi... tout ce que je voulais écrire depuis des jours reste bloqué quelque part dans ma tête. La page blanche a fait son oeuvre. Il ne me reste plus qu'à prêter attention au passage – prêtons attention au passage – qui m'entoure, le saisir, le décrire et le laisser partir. Une histoire en surgira peut-être.

Un homme, dans la trentaine, tatouage à la cheville gauche est arrivé sur son vélo, en est descendu. Il semblait connaître le couple qui est accoudé sur la table/guéridon Coca-Cola du marchand de cigarettes. Mais non. Il est entré dans le magasin puis ressorti. Il a enfourché son vélo puis, est reparti. Où ? Dans son quotidien ? Dans son extraordinaire ? Nul ne sait.

Un couple, amoureux, est passé à vélo. Un regard. Ils s'aiment. Ffffuit, ils sont passés.

Des voitures, des camions passent, circulent dans les deux sens, se dirigeant chacun vers son destin – opposés.

Un sweat noir, des lunettes dernier cri, il attend ses deux amis, s'étire, baille. Son amie l'a rejoint puis le troisième, ils ont une bouteille à la main. Ffffuitt, ils sont passés.

Comment saisir un lieu où l'on passe ? Certains lieux sont ainsi. Il émane d'eux une sorte de repoussoir. Je ne suis qu'un lieu de passage, semblent-ils crier. Même les chaises de la terrasse le clament. Si elles n'ont pas de pic, si elles sont sans punaise retournée, elles n'incitent pas à rester. L'assise s'effondre. Il faut faire un effort pour ne pas se lever et courir au loin. Il faut faire un effort pour être là, dans l'inconfort. Le mouvement des passants invite à se lever et à rejoindre un autre point qui sera une destination où, confortablement, cette fois, on se lovera dans un fauteuil destiné à nous recevoir.

La destination.

Pendant ces réflexions, le flot est resté, continu, tel le sable dans un sablier qui ne s'interrompt que pour repartir dans l'autre sens. Même les moineaux semblent suivre ce mouvement. Ils viennent picorer les restes abandonnés dans leur fuite par ceux qui se sont attardés sur la terrasse. Ils ne s'arrêtent qu'à peine et repartent à l'aventure, oubliant de piailler.

Une force s'exerce conduisant les passants à fuir. Peut-être quelque chose est tapi, proche, prêt à surgir dans la lumière grise. Dans l'attente, mon regard se porte de temps à autre vers ce bâtiment qui engloutit les passants et les recrache, plus impatients. A y regarder de plus près, ils ne ressortent pas comme ils sont entrés. Même si les corps se meuvent, ce mouvement est une fuite.


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