vendredi 12 mars 2010

Chuter

Au milieu de l'après-midi, la nuit est tombée. Le noir m'environne au sortir du tram. Quelques sources lumineuses rectangulaires, le bruit discontinu et irrégulier des voitures indiquent ma présence au cœur de la ville. La neige, dépôt blanc sur la ville, est devenue glace depuis quelques jours et donne à Berlin des allures de films de Chaplin.

Avancer en faisant attention. Regarder au sol cette vitre opaque et glissante. Mesurer chaque pas. Puis l'espace d'une seconde, s'égarer dans ses pensées, oublier sa progression. Se retrouver alors les quatre fers en l'air, les fesses endolories.

Entre ces deux instants, un temps en suspension, comme l'évidence
d'une catastrophe pressentie, comme portée en soi, depuis le réveil.
Sans avoir le temps de se dire « je le savais », on le sait.
Tenter de se rattraper sans rien à quoi se raccrocher,
sinon le sol sur lequel on atterrit,
douloureusement.




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